Historique du projet

La base de données sur le Recueil d’antiquités du comte de Caylus s’insère dans un vaste programme européen sur l’histoire et les archives de l’archéologie : AREA, Archives of European Archaeology (http://www.area-archives.org/index.html), initié en 1999, qui réunit douze institutions partenaires internationales.

La partie française a développé particulièrement trois axes de recherche :

  • l’identification et la description de fonds d’archives de diverses institutions, archives mais aussi bibliothèques, centres de recherche, musées, dont le musée des Monnaies, Médailles et Antiques de la BnF.
  • un catalogue systématique de la littérature antiquaire française de la naissance de l’imprimerie à la fin du XVIIIe siècle avec, en projet, la numérisation de l’ensemble de cette production (http://www.muzarp.poznan.pl/antiquarian-database/)
  • une étude approfondie des travaux du comte de Caylus, dans le cadre des recherches sur la naissance de l’archéologie en France, en partant de son œuvre archéologique majeure, le Recueil d’Antiquités Égyptiennes, Étrusques, Grecques, Romaines et Gauloises (7 vol., 1752-1767).

Le don au Cabinet du roi de la collection du comte de Caylus, décrite dans le Recueil, a non seulement été une source d’enrichissement fondamental mais aussi un élément moteur pour que ce lieu, dirigé au milieu du XVIIIe siècle par l’abbé Barthélemy, devienne un centre actif dans l’étude de l’archéologie.

C’est pourquoi le premier volet de la recherche a pris la forme d’une exposition, Caylus, mécène du roi. Collectionner les antiquités au XVIIIe siècle, organisée en 2002 au musée des Monnaies, médailles et antiques de la Bibliothèque nationale de France, héritier du cabinet du roi, par Irène Aghion et Mathilde Broustet, avec le concours d’Alain Schnapp, alors directeur de l’INHA et de Pierre Pinon, professeur à l’ENSA. (http://www.inha.fr/spip.php?article10).

La préparation de l’exposition a suscité la redécouverte d’antiques de Caylus qui avaient perdu leur provenance. Dès 2003, l’idée d’une publication de l’ensemble des œuvres publiées dans le Recueil, sous la forme d’une base de données, s’est imposée. Dans l’optique de rendre plus compréhensible la méthode typologique de Caylus, nous avons souhaité pouvoir mettre en regard les descriptions et interprétations de Caylus et notre lecture actuelle des œuvres.

La première étape a été – en l’absence de numérisation en OCR du Recueil, réalisée plusieurs années après – la saisie des commentaires de Caylus. Plusieurs chercheurs y ont participé, parallèlement à la rédaction des notices d’objets, à partir des catalogues et de la base de données informatique du département, grâce au soutien de bourses post-doctorat : Anna-Rita Parente, Florian Stilp, Ariana Esposito.

Un travail d’exégèse du Recueil a été entrepris. Alessia Zambon, chercheur post doctorat, a établi le relevé des sources utilisées par Caylus, anciennes et modernes, celui des toponymes et des sites archéologiques étudiés, celui des noms des érudits auxquels il se réfère, ainsi que, sur les 400 noms cités, la biographie de 130 d’entre eux. Ces informations seront intégrées au site dans un deuxième temps.

Le nombre d’antiques de Caylus identifiés s’est accru peu à peu : des rangements dans une réserve, avec l’aide efficace de Stéphanie Bourgade, étudiante à l’École du Louvre, ont mis au jour tout un lot de bronzes, qui avaient été séparés du fonds par Ernest Babelon, directeur du département à la fin du XIXe siècle, auteur d’un catalogue raisonné des bronzes antiques, et relégués comme douteux ou inintéressants. Parmi eux, un grand nombre provenait du don Caylus. Leur aspect pouvait expliquer en partie le dédain de Babelon : les bronzes Caylus ont souvent une patine noire, mate, résultant probablement de l’application d’une protection de surface, encrassée au fil du temps. D’autre part, Caylus, dans ses tentatives d’expérimentation, a fondu des copies, nous livrant des statuettes en plusieurs exemplaires.

Fin 2009, l’arrivée de Thomas Morard, financée par une bourse de 6 mois de la Région Ile de France et d’Isabelle Warin, chercheur post-doctorat Centre Gernet (CNRS-EHESS), a marqué une avancée décisive. Tous deux ont harmonisé la base consacrée aux objets, et ont procédé à une recherche systématique des collections de Caylus, recherche et étude poursuivies activement par Isabelle Warin pendant deux ans tant au Cabinet des médailles que dans les musées français et étrangers. Au total sur 2890 objets décrits par Caylus, plus de 60% ont été localisés et analysés, ainsi que les relevés de sites dont les plans originaux sont conservés au département des Cartes et plans de la BNF. En plus de son active collaboration scientifique, de l’étude de la sculpture et de la riche série des petits bronzes, qui représentent près de 50% de la collection, Isabelle Warin a joué un rôle moteur dans la conception du site internet, dont la programmation et la mise en œuvre sont dues à l’équipe du service IST du Centre ANHIMA, Flavien Monnier et Agnès Tapin.

Une aide précieuse nous a été apportée par de nombreux chercheurs, notamment Delphine Burlot, pensionnaire à l’INHA (étude des peintures et mosaïques et dépouillement de la correspondance de Caylus, qui a permis d’enrichir un grand nombre de notices), nos collègues du Cabinet des médailles, du Musée du Louvre et de nombreux musées, des étudiantes en archéologie, stagiaires au Cabinet des médailles, dont Mathilde Champmartin et Cécile Lantrain (collections égyptiennes), Agathe Jagerschmidt (verres).

Ce projet, qui n’aurait pas abouti sans l’engagement passionné d’Irène Aghion et l’appui constant et efficace d’Alain Schnapp, a bénéficié du soutien de la communauté Européenne, du Ministère des Affaires Étrangères, de la Région Ile de France, de la Maison de l’archéologie et de l’ethnologie-René Ginouvès à Nanterre, actuel coordinateur AREA France, et bien sûr des trois partenaires maîtres d’œuvre du site : La Bibliothèque nationale de France et le Projet Richelieu, le Centre ANHIMA et l’Institut National d’Histoire de l’Art.

La générosité d’un collectionneur nous a permis d’illustrer la page d’accueil de ce site du plus beau portrait connu du comte de Caylus, un modello en terre cuite par Louis-Claude Vassé, découvert et identifié en 2002 par Xavier Dufestel.

Que tous trouvent ici l’expression de notre reconnaissance.

Cette édition numérique du Recueil d’Antiquités nécessite encore d’être complétée et améliorée. Nous espérons cependant que ce premier état sera utile au chercheur et à l’étudiant comme au collectionneur.